International Le Brésil en passe de devenir le premier exportateur mondial de maïs
La guerre en Ukraine et les problèmes de récolte chez les principaux exportateurs ont renforcé la demande en maïs brésilien. Avec ses 124,9 millions de tonnes attendues en 2023, le Brésil pourrait devenir le premier exportateur mondial de maïs.
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Dans sa ferme de Sinop, dans l’État du Mato Grosso, grenier à céréales du Brésil, Ilson José Redivo a achevé il y a quelques semaines son semis de maïs, commencé dans la foulée de sa récolte de soja.
Dans cette région, les champs s’étendent à perte de vue et le calendrier est bien rodé pour l’agriculteur. Il enchaîne les deux cultures, soja puis maïs, sur « presque 100 % » de ses parcelles, étendues sur 1 550 hectares. Le maïs sera récolté en juin. Cette « petite récolte » de maïs, baptisée « safrinha », est devenue depuis une décennie la plus importante récolte de cette céréale, devant la récolte traditionnelle en début d’année.
124,9 millions de tonnes de maïs
C’est grâce à cette récolte que la production de maïs brésilienne devrait, cette année, battre un nouveau record. Elle permettrait ainsi au Brésil de devenir le premier exportateur mondial de maïs devant les États-Unis, une position qu’il n’a atteint qu’une seule fois, en 2013.
La production brésilienne de maïs devrait atteindre un total de 124,9 millions de tonnes (+10,4 % par rapport à l’an dernier), dont 76,3 % en deuxième récolte, selon le dernier rapport de la Compagnie nationale d’approvisionnement (Conab) publié cette semaine.
Et ce malgré un « retard dans la moisson de soja » en raison d’un « surplus de pluie » dans l’État du Mato Grosso (centre ouest), principal producteur de soja et de maïs du pays, où l’hiver doux et la répartition des pluies permettent une deuxième moisson.
La part belle au transgénique
La hausse du prix de vente du maïs, notamment tiré par l’ouverture d’usines d’éthanol de cette céréale depuis 2017, a encouragé les producteurs à investir davantage dans la « safrinha », explique Ilson José Redivo. « Le maïs en deuxième culture est devenu plus attractif, nous avons donc acquis plus d’engrais, de semences génétiquement améliorées et de machines agricoles permettant un semis plus rapide et plus précis », souligne-t-il.
« Nous avons pu amplifier les surfaces » consacrées à la culture du maïs, « améliorer notre productivité et donc augmenter notre production de manière significative ». À noter que les variétés transgéniques occupent aujourd’hui la quasi-totalité des champs brésiliens de maïs.
Avec de telles prévisions de production, « le pays devrait amplifier son excédent exportable », ce qui lui permettra de vendre davantage à l’étranger, pointe João Pedro Lopes, de la firme d’analyse des marchés des matières premières StoneX.
Le maïs brésilien est très demandé, a fortiori avec les problèmes de récolte chez les exportateurs traditionnels, comme les États-Unis et l’Argentine, impactés par le climat, et en Ukraine à cause de la guerre. En outre, la demande est dopée par l’ouverture du marché chinois au maïs, faisant suite à la signature d’un accord entre Brasilia et Pékin au début de 2022, précise le spécialiste.
Des défis à relever
D’après le ministère américain de l’agriculture (USDA), le géant sud-américain pourrait ainsi exporter 52 millions de tonnes de maïs cette année, contre 31,9 millions de tonnes en 2022, et détrôner les États-Unis, dont les exportations devraient s’élever à 49 millions de tonnes.
« Le Brésil s’impose comme le concurrent des États-Unis et a la capacité d’accroître davantage sa production. Il y a encore beaucoup de surfaces disponibles pour cette culture », sur des parcelles agricoles déjà ouvertes, « et notre productivité peut encore progresser », assure Enori Barbieri, vice-président de l’Association brésilienne des producteurs de maïs (Abramilho).
Mais pour continuer d’améliorer ses performances à l’étranger, tout en répondant à une demande domestique croissante, tirée par les besoins du secteur de la viande et de l’industrie de l’éthanol, le pays-continent va devoir relever plusieurs défis.
Le Brésil doit « réussir à élever ses investissements en équipements agricoles », afin « d’accélérer les semis et les moissons », et « continuer à améliorer ses infrastructures logistiques pour écouler la production », prévient Lucilio Alves, chercheur au sein du Centre d’études avancées en économie appliquée de l’Université de São Paulo (Cepea).
Et la capacité de stockage est insuffisante, signale Ricardo Arioli, de la Confédération nationale agricole (CNA). « Dans le Mato Grosso, nous avons relevé un déficit de stockage de près de 60 % lors des dernières récoltes » de soja et de maïs.
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